
À chaque fois que je m’apprête à lire un livre de Kristan Higgins, j’ai la garantie de rire et de passer d’agréables moments avec ses personnages drôles et attachants.
À chaque fois que j’enferme un, tout est confirmé.
Maintenant que tu le dis fais sourire, rire et pleurer. Le trio parfait pour savourer un temps de lecture à soi.
Le résumé de Maintenant que tu le dis
Quand on touche le fond, on remonte ?
Quand Nora Stuart, jeune gastro-entérologue, se fait renverser par un van d’extermination des nuisibles, elle y voit comme un signe.Ajoutez à cela une visite aux urgences durant laquelle son petit ami flirte ouvertement avec une autre, et c’est la goutte d’eau.
Ressentant un grand besoin de soutien, Nora saute le pas et décide de revenir à Scupper Island, son île natale qu’elle avait soigneusement évitée depuis 15 ans.
Elle espérait que les habitants de l’île lui aurait pardonné tout ce qu’ils lui reprochaient au lycée, mais c’est raté. Quant à l’accueil de sa mère et de sa nièce, il est tout aussi froid.
Pourtant, avec son optimisme et sa détermination sans faille, Nora est prête à tout pour ressouder sa famille et passer un été sur cette île qui n’oublie jamais rien.
Mon avis et ressenti
Malgré sa vie bien remplie à Boston, il était sans doute temps que Nora retourne sur son île, refasse le tour de ses souvenirs en se confrontant à nouveaux souffrances du passé.
Partie depuis 15 ans, après l’obtention de la fameuse bourse pour la prestigieuse université de Tufts, Nora avait tourné le dos à une adolescence douloureuse, meurtrie par le départ brutal de son père, celui-ci les avait abandonnées, elle, sa soeur et sa mère, sans aucune explication, sans même un « Au revoir ». Comment ce papa si joyeux, si attentif et aimant avait-il pu anéantir de cette façon leur vie de famille ? La réponse, Nora la cherchera et finira par la trouver cet été à Scupper Island.
Suite à ce drame, Nora a peu à peu sombré dans la nourriture « émotionnelle », l’excellence scolaire, pour tenter d’oublier. Sa soeur cadette, Lily, s’est aussi détournée d’elle, devenant méprisante ouvertement devant ses amies du collège. Pendant ce temps, Nora essuie toutes les humiliations quotidiennes des élèves qui l’entourent, et se cache pour manger.
À l’intérieur de son coeur, c’est le vide, elle est dévastée. À l’âge des possibles, Nora se construit seule, ses plus précieux soutiens ayant volé en éclats.
Luke Fletcher, le beau gosse de sa classe, sera son amour secret et celui auquel elle se comparera sans relâche, aussi. Ils s’acharnent mutuellement dans une compétition malsaine, mais se dépassent pour briller.
Ces aventures malheureuses la poursuivront jusqu’à son retour sur l’île, là où le passé n’attend qu’elle, après des années, pour refaire surface.
Sa nouvelle vie à Boston, sa parenthèse, lui permet de laisser derrière elle ses peines ; elle se met sérieusement au sport, mange plus sainement, perd du poids durant ses brillantes études de médecine. L’amour lui donne aussi des ailes, auprès de Bobby, le bel urgentiste.
Son accident est le signe pour elle d’un besoin de changer d’air, le temps de l’été. Elle décide donc de retourner sur son île pour réparer ses blessures physiques ainsi que celles, plus anciennes et ayant laissé des cicatrices profondes; découvrir enfin pourquoi son père les a quittées sans préavis; retrouver le lien avec sa soeur, en prison pour détention de drogue; se rapprocher de sa mère et faire comprendre à sa nièce, Poe, que même si elle ne remplacera jamais sa mère, elle est là pour elle. Tant de choses enveloppées d’incertitude.
L'abandon, la trahison, le mépris, la jalousie, le viol... et l'amour par-dessus tout
Toutes ces choses du passé non réglées ressurgissent une à une, comme autant d’appels pour qu’enfin Nora puisse s’en libérer et constituent également les thèmes majeurs du roman.
Un été suffira-t-il ?
La détermination, l’honnêteté et la bienveillance lui seront indéniablement d’un grand soutien, renforcé par celui de Sullivan Fletcher, le frère de Lucke… Il jouera finalement un rôle déterminant dans la vie de Nora, bien au-delà de sa présence en pointillés durant leur adolescence.
Quelques mots pour conclure
J’ai savouré ce roman en me sentant proche de Nora à travers certains des aspects de sa personnalité. Mais chaque personnage, à travers ses blessures, représente aussi un miroir.
J’ai aimé passer du temps avec cette joyeuse bande familiale et amicale écorchée et tout autant résiliente.
Une fois encore, Kristan Higgins, à travers ses mots, m’a fait du bien. Comme pour chacun de ses romans, je souris, je ris et je traverse les mêmes émotions que les personnages. Elle fait partie des autrices dont j’aime retrouver l’écriture à la fois légère et riche de mots et de sensations percutants; j’aime savoir que je serai bouleversée et qu’elle aura aussi réussi son pari : nous faire rire entre les lignes.
Et j’en redemande.
Quelques citations
» Papa riait énormément, lui, et tous les trois on partageait des ats de moments drôles, de jeux rigolos, d’aventures, de repas créatifs avec, en prime, de longues histoires à l’heure du coucher ou dans la voiture quand on allait se balader. Bien sûr, c’était lui que j’aimais le plus. »
» La nuit, dans mon lit, j’étais là, le coeur battant, rongée par une souffrance qui occultait tout le reste, les cheveux mouillés de larmes. Mon enfance avait pris fin sans que j’ai pu lui dire adieu. »
» Mon ancienne vie me manquait, ainsi que nos débuts à Bobby et moi, quand la vie paraissait tellement parfaite, simple et pure. ici, on ne voulait pas de moi. J’avais vraisemblablement fait une grosse bêtise en revenant. »
» On se demande combien d’humiliations on va pouvoir encaisser sans que ça entame notre amour pour l’autre. On se demande combien de temps l’autre va nous traiter comme de la merde sans qu’on se rebelle. On se demande combien de temps il nous faudra pour oublier le passé et continuer à nous réchauffer à cette minuscule braise d’espoir avant que l’abandon de l’autre ne vienne à bout de nos sentiments. Dans mon cas, longtemps. Très longtemps. »
» Quand on avait trouvé la bonne personne, on n’avait pas à cacher ses défauts… on essayait juste de faire mieux, de composer avec ses faiblesses et de chercher à les dépasser. Et quel confort de savoir que l’autre n’avait pas besoin que vous soyez toujours au top, amusante, dynamique, attentive… Qu’il voulait juste que vous soyez vous-même. Quelle sécurité que de savoir qu’il aimait être avec vous, simplement. »
« Il lisait parfaitement sur les lèvres, mais j’estimais qu’il n’y avait pas de raisons qu’il soit seul à constamment faire des efforts. Et puis, c’était sympa de s’exprimer en signes. L’audition de Sully avait beaucoup baissé durant l’année écoulée. Il ne se plaignait pas, il ne se plaignait jamais. »
À très vite pour la suite.
Et si vous faites un tour dans le Maine grâce à ce roman, donnez-m’en des nouvelles.
Je vous lirai et vous répondrai avec plaisir.
Magali 🌿