La Naturopathie permet de prendre soin de soi et, avant toute chose, il faut l’avoir décidé.
S’engager sur ce chemin, c’est se responsabiliser pour ce qui concerne sa santé, afin d’entretenir un capital d’énergie optimal.
Depuis des siècles, la Naturopathie s’applique à observer la Nature, à comprendre les liens qui nous y rattachent; elle enseigne comment respecter nos besoins essentiels à travers la connaissance des différents facteurs naturels de santé, ainsi que des techniques associées.
Elle s’attache à étudier le mode de vie d’un individu en recherchant les causes des déséquilibres dans des habitudes de vie néfastes pour ces mêmes besoins.
Elle s’applique à renforcer le terrain, propre à chaque personne, afin d’harmoniser et d’optimiser son énergie, de retrouver le chemin vers le mieux-être, tout simplement. La Naturopathie fait du Naturopathe un éducateur de santé.
Et non un pseudo médecin.
La Naturopathie est une approche alternative presque insolente de simplicité.
Beaucoup de praticiens, devenus des influenceurs santé, notamment sur les réseaux sociaux, s’ennuient peut-être de cette simplicité. Pourtant, elle est en grande partie garante du cadre de cette pratique, je trouve.
Elle ne prétend ni remplacer la médecine conventionnelle, c’est évident, ni à se suffire à elle-même, ce qui l’est encore plus.
Il s’agit d’une approche complémentaire à la médecine, là où cette dernière n’agit pas suffisamment sur l’hygiène de vie.
Le cadre légal : limites et possibilités du Naturopathe
La Naturopathie est une pratique non reconnue et non réglementée.
Il n’existe aucun diplôme d’État et la fin d’un cursus en Naturopathie délivre un Certificat et non un diplôme.
La nuance est de taille.
Le vide juridique entraîne une certaine méfiance.
Cela peut se comprendre et en même temps, le Naturopathe a le droit de pratiquer.
1 – Une activité non réglementée
C’est ce que les médecins redoutent; ils s’inquiètent d’autant plus de l’essor des pratiques alternatives depuis la crise sanitaire que le manque d’encadrement peut mener à des dérives et de graves écueils.
D’ailleurs, le Conseil de l’Ordre des médecins est catégorique : “ Certaines de ces pratiques de soin non conventionnées ont certainement une efficacité sur certains symptômes, mais celle-ci est insuffisamment ou non démontrée”.
L’Ordre des médecins n’est pas le seul alarmiste, la DGCCRF ( Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) affirme prêter une attention particulière à ces pratiques auxquelles “près de 40% de Français ont recours”, selon une enquête publiée en 2022.
Également dans son viseur : l’absence de cadre légal dans la formation des praticiens, puisque “la majorité des pratiques ne requièrent pas de cursus, de compétences ou de diplôme”.
De plus, “les centres de formation sont axés sur l’apprentissage des disciplines et n’informent pas sur les obligations issues du droit de la consommation ou du code de santé publique”.
Ça fait mal.
Et la Naturopathie fait clairement partie de ces approches dans le viseur, d’où la nécessité de connaître parfaitement son cadre, de n’en déroger sous aucun prétexte et de s’intéresser régulièrement aux limites et possibilités de cette approche.
2 – Comment rester dans le cadre légal d’une pratique de santé non médicale ?
Ou ce que peut faire et ne pas faire un Naturopathe.
En 2022, j’ai assisté à un webinaire sur le cadre légal de la Naturopathie. Il était animé par un médecin fonctionnel, un biologiste et un juriste.
La Terre commençait à sérieusement trembler sous le sol de la Naturopathie.
En plein essor post crise sanitaire, elle continuait malgré tout d’être abîmée par des scandales dû à des gourous et des charlatans du bien-être et de la santé naturelle. Ils salissent clairement son image.
Par conséquent, c’est une réalité : la Naturopathie est victime d’une véritable chasse aux sorcières.
Depuis le début de mon activité, j’ai conscience de toutes les dérives que l‘activité peut entraîner. Je n’ai jamais dérogé du cadre; je ne le ferai jamais.
Ce webinaire arrivait à point nommé.
Les points soulevés :
- la Naturopathie est une approche holistique de la santé; elle vise à Prévenir, Régénérer, Préserver, Optimiser la santé;
- elle ne traite AUCUNE maladie; elle ne vise pas non plus à GUÉRIR;
- elle ne procède à AUCUN diagnostic ni ne recommande AUCUN traitement allopathique;
- le Naturopathe n’est pas autorisé à lire des résultats d’une prise de sang dans l’intention de recommander des compléments alimentaires;
- les termes proscrits de son langage : protocole, consultation, diagnostic, patient, bilan de santé et, plus ahurissant : dysménorrhée, migraine, carence…
- la Naturopathie soutien, optimise, favorise l’équilibre du microbiote mais ne prend en charge AUCUNE pathologie;
- le point qui en découle: le Naturopathe n’est pas censé être un “spécialiste” de quoi que ce soit puisqu’il n’est censé s’occuper d’aucune maladie… Il accompagne, il informe et il renvoie vers un médecin généraliste ou un spécialiste le cas échéant;
- attention à l’utilisation des compléments alimentaires : ils contiennent un condensé de nutriments qui, pour certains, peuvent être toxiques pour l’organisme quand leur dosage est supérieur aux besoins. La plupart des compléments ne devraient être conseillés qu’APRÈS des résultats d’analyses spécifiques; lesdites analyses ne pouvant être prescrites que par un médecin, lui seul habilité à les interpréter. Cependant, il existe des analyses qui ne nécessitent pas de prescription; il est possible d’en faire la demande dans un laboratoire, moyennant de les payer puisque non prises en charge. Mais que faites-vous une fois les résultats en main ? …
Les intervenants ont déploré le peu de participants : à peine une dizaine quand la France compte environ 6000 Naturopathes et plusieurs centaines sur les réseaux sociaux.
Reparler du cadre met mal à l’aise, j’ai cette désagréable sensation.
Affaire à suivre…
Les dangers de la Naturo sur les réseaux…
Deux phénomènes se sont percutés ces dernières années : la crise sanitaire et l’explosion de l’utilisation (consommation) des réseaux sociaux.
Ces phénomènes sont liés.
C’était une aubaine pour la Naturopathie; beaucoup de comptes, déjà présents sur les plateformes ou installées plus récemment, ont bénéficié d’une visibilité exceptionnelle.
Une avenue s’ouvrait pour la Naturopathie, notamment sur Instagram.
Cela a permis de la promouvoir, de la faire connaître, de mettre en avant ses principes, ses bienfaits, autant d’invitations à prendre soin de soi, de sa santé, de manière naturelle et durable.
Et puis, à un moment donné, l’affolement de l’algorithme a semé le trouble : évidemment, tous les comptes ont été touchés, sans distinction de domaines.
C’est dans ce tourbillon, (même s’il n’est pas la seule raison) que la Naturopathie a pris un nouveau chemin, un véritable tournant en se “nichant” de plus en plus dans des domaines normalement réservés au milieu médical pour être plus visible.
Cette nouvelle tendance n’est pas propre à la Naturopathie, évidemment, puisque c’est un concept qui s’est étendu à toutes les sphères de l’entreprenariat.
Le nombre de sites et de blogs ayant explosé sur la toile a entraîné la nécessité de modifier aussi les règles de référencement et donc, de visibilité.
Il s’agit d’une adaptation permanente à de nouvelles technologies et stratégies pour exister.
L’algorithme d’Instagram est devenu impitoyable et cauchemardesque pour certains, un terrain de jeu pour d’autres.
Et, peu à peu, la plupart des Naturopathes sont devenus de véritables influenceurs santé et leurs comptes, de véritables panneaux publicitaires.
Il n’est pas du tout interdit de collaborer. Mais deux problèmes se présentent : d’une part, les codes promo vous incitent à consommer des compléments ou des superaliments dont vous n’avez peut-être pas besoin et, d’autre part, ils ne peuvent constituer à eux seuls la réponse à vos déséquilibres.
Sans compter qu’en prendre à l’aveugle peut avoir des conséquences fâcheuses.
Et, au-delà de ces problèmes éthiques, je crois que ce qui m’irrite le plus est l’incitation à “l’immédiateté” : il n’y a aucune réflexion sur vos besoins, ni votre historique santé, mais vous êtes en souffrance et voir à longueur de journée des praticiens étaler leur vie healthy donne envie de reproduire la même chose, c’est humain.
Désormais, la Naturopathie offre de multiples facettes : la spécialisation, l’influence, le business.
Et sur ces rails, elle flirte dangereusement avec l’exercice illégal de la médecine, en s’engouffrant dans toutes les brèches que cette dernière ne sait pas colmater (l’accent sur l’hygiène de vie, l’alimentation, prêter attention…).
Un nombre impressionnant de Naturopathes est devenu “expert” dans un domaine exclusivement réservé à la médecine : gynécologie, digestion, endocrinologie… Toutes les spécialités y passent.
Et c’est effrayant.
En agissant ainsi, c’est l’image tout entière de cette pratique qui est faussée, détournée de son essence : être une approche naturelle de santé, humble et respectueuse de ses limites et possibilités.
Une approche respectueuse de son cadre.
Je refuse de plonger dans ce piège. J’ai besoin de pouvoir évoluer dans le cadre de la Naturopathie sans me demander si ce que je pratique me met en danger ou pas; je connais les limites, elles ne me posent pas de problème.
Il y a tellement de choses à faire et à recommander ne serait-ce qu’en termes d’alimentation et de réforme alimentaire…
Je ne peux pas m’empêcher de penser que les réseaux sociaux ont décuplé les égos, en broyant la Naturopathie, en la détournant de l’un de ses principes majeurs : la simplicité.
De plus, cet abattage entraîne une saturation d’informations, de la confusion, quand elle se veut une pratique accessible au plus grand nombre.
Cherchez l’erreur…
Les “solutions” santé ne se trouvent ni dans les boîtes, ni dans les sachets aussi zéro déchet soient-ils, recyclables dans le meilleur des cas, et qui contiennent très souvent des “super aliments” venant de l’autre bout du monde.
Ce que l’on voit aujourd’hui, c’est la mutation effrayante de la Naturopathie en “Naturo-thérapie” ou “allopathie verte”.
La vraie transformation réside dans les changements de mode de vie au quotidien, pour les ancrer de manière durable.
Les compléments, oui, mais dans un second temps, et pas n’importe lesquels parce que c’est la tendance.
Je crois malheureusement qu’il existe aujourd’hui deux sortes de Naturopathes : ceux alignés avec les principes de la Naturopathie et ses valeurs fondamentales, et ceux alignés à l’air du temps et de l’influence.
Les deux sont alignés, mais pas sur la même éthique.