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Petites confidences et grandes confessions à Martha’s Vineyard – Sarah Morgan

Petites confidences et grandes confessions à Martha's Vineyard - Sarah Morgan Une romance feel good de Sarah Morgan à savourer

J’ai passé un moment très sympathique à Martha’s Vineyard avec ces Petites confidences, un feel good aux airs de romance et bien plus que ça.

Sarah Morgan, autrice britannique prolifique fréquemment citée par le USA Today, rêvait de devenir écrivain. Après des détours, elle vit aujourd’hui ce rêve avec plus de 21 millions d’exemplaires vendus à travers le monde.

Elle nous offre ici un roman sur le deuil, les secrets de famille, la résilience, la reconstruction, les secondes chances, la solidarité familiale et féminine, le pardon aussi et le retour aux sources, l’ancrage, autant de sujets de prédilection qu’elle explore dans la plupart de ses livres.

Sarah Morgan m’a totalement embarquée dans son roman à la forte tonalité familiale et féminine et ça, j’adore (j’avais aussi particulièrement aimé Embrassons-nous sous les étoiles, avec des thématiques similaires).

La romance est présente sans faire d’ombre aux sujets de fond et, surtout, elle met en scène Lauren et Scott qui glissent tranquillement vers la quarantaine. J’aime d’autant plus !

Et puis l’autrice a ce talent fou de savoir créer des personnages travaillés; impossible de ne pas s’y attacher. On rentre dans leur tête et leur coeur et, bim, le tour est joué, ils sont immédiatement familiers.

Ils pourraient devenir des amis.

Le résumé de Petites confidences et grandes confessions à Martha's Vineyard - Sarah Morgan

Trois générations, quatre femmes, de belles histoires d’amour, d’amitié et une multitude de secrets murmurés au claire de lune.

Les femmes de la famille Stewart ont décidé de s’échapper de leur quotidien le temps d’un été pour se ressourcer sur les plages de l’île de Martha’s Vineyard.

Mais leurs valises ne sont pas les seuls bagages qu’elles transportent : chacune est venue chargée de ses préoccupations et de ses inquiétudes.

Nancy, la grand-mère, aimerait expliquer à ses filles, Lauren et Jenna, les raisons qui l’ont empêchée d’être une mère parfaite mais ignore comment; Lauren, quant à elle, doit gérer le deuil de son mari décédé d’une crise cardiaque; Mack, la fille de Lauren, a perdu son père… et ses repères, car celui qu’elle pensait être son géniteur ne l’est pas. Jenna, elle, rêverait de fonder une famille, un rêve malheureusement inaccessible.

Au gré des discussions, des fous rires et des balades sur le sable, ces quatre femmes qui se croyaient très différentes vont se redécouvrir, s’entraider et comprendre qu’ensemble elles peuvent reprendre leur vie en main.

Mon avis sur ces Petites confidences

Direction Martha’s Vineyard, donc, ou The Vineyard, cette petite île du Massachusetts, berceau historique de l’Amérique et l’un des cinq états de la Nouvelle-Angleterre.

C’est d’ailleurs là où a commencé la Révolution américaine, de même que la littérature; là aussi où fut construite la première université, Harvard, fondée en 1836 à Cambridge, près de Boston.

Martha’s Vineyard, c’est un condensé de tout ce que la Nouvelle-Angleterre peut offrir : l’océan, d’immenses plages de sable fin, des petits villages aux maisons en bardeaux blancs ou gris charmants, des fruits de mer, la douceur de vivre façon East Coat (qui fait quand même un peu penser à notre Sud-Ouest).

C’est dans ce décor nature et chic que les femmes Stewart vont se retrouver, poussées à se réfugier dans leur nid à cause des secousses un peu trop fortes de leur vie.

Le nid, c’est la Captain’s House, à Edgartown, où vit la grand-mère Nancy.

Pittoresque jusqu’à la caricature (ça me donne encore plus envie d’y aller), cette ville très East Coat abrite des maisons typiques , la plupart lovées au creux de jardins luxuriants.

Captain’s house se dresse en bord de mer, à proximité du port et du phare.

Vous situez ?

Petites confidences et grandes confessions à Martha's Vineyard - Sarah Morgan

Nancy y est née et y a toujours vécu; elle s’était fait la promesse, contre vents et marées, de la conserver.

C’est son père, capitaine baleinier, qui avait choisi d’ériger sa demeure sur le plus bel endroit de l’île. Monument historique, elle était considérée comme l’une des richesses du patrimoine de Vineyard.

Et la richesse de la famille Stewart.

Nancy n’a jamais pu se résoudre à la quitter, même après le décès de son époux (et ses frasques) cinq ans plus tôt; encore moins la vendre.

Pourtant, la maison croule sous le poids des années et des réparations, des objets cumulés au fil des générations.

Un musée en bord de mer, mais un musée croulant.

Aujourd’hui, Nancy est fatiguée, elle n’a plus l’énergie pour faire face, ni l’argent.

Elle est aussi rongée par la culpabilité et le regret d’avoir toujours été distante avec ses filles, Lauren et Jenna, et tout lui pèse. Surtout le poids du silence et des non-dits.

Captain’s House est devenue son boulet.

Lauren, l’aînée, est partie vivre à Londres. Ce n’était pas son choix, mais voilà, la vie l’a voulue enceinte à 18 ans et, le coeur en miettes d’avoir quitté le papa, elle s’est retrouvée dans les bras d’un autre, de l’autre côté de l’océan, la bague au doigt.

Par dépit ?

Un peu. Mais surtout par sécurité. Cet homme, son ami, son mari, acceptait d’élever sa fille, lui-même ne pouvant pas avoir d’enfant. C’était leur deal.

Un petit sac de noeuds bien ficellé par le secret.

Sa cadette, Jenna, est restée sur l’île, loin d’Edgartown et de son « bon chic bon genre ». Elle lui préfère Menemsha, un recoin moins peuplé, plus paisible , là où les vastes plages balayées par les vents offrent les couchers de soleil les plus spectaculaires.

Mariée à Greg, elle est heureuse dans leur mignon petit cottage. Elle s’épanouit dans son métier, entourée chaque jour de ses élèves de CP, tous aussi turbulents que craquants.

Malgré tout, une ombre à ce tableau presque idyllique : elle ne tombe toujours pas enceinte.

Et ça l’obsède.

Ce désir la ronge, il causera l’inévitable un soir de détresse, à l’amorce d’un virage dangereux. 

Lauren et Jenna, ce sont les deux doigts d’une main. Inséparables durant toute leur enfance et leur adolescence sur l’île, si l’une saute, l’autre aussi. Quoi qu’il leur en coûte.

Après des années, leur lien est intact.

Et puis, Mack tient bien sa place dans ce cocon familial. Un peu paumée, elle traverse ou subit souvent son âge en faisant son possible pour exister. Même si ce qu’elle préfère, c’est ne pas se faire remarquer. Et c’est toute l’ambivalence.

En revenant sur l’île, la mort dans l’âme dans un premier temps, elle ne se doute pas de ce qui l’attend, sur tous les plans.

J’ai adoré ce roman au féminin, intergénérationnel.

Déjà, son cadre m’a transportée, vous l’avez compris. Je raffole de tout ce que je peux trouver à lire sur les États-Unis ( je cherche encore pourquoi cette attirance à ce point, je n’ai pas tout trouvé comme réponse); moi qui rêve de découvrir chaque état, j’ai pu m’aventurer dans le Massachusetts par procuration.

C’est toujours ça de pris.

Martha’s Vineyard offre des paysages à couper le souffle et une douceur de vivre un peu carte postale, mais quand même. J’ai bien envie de me perdre dans les rues toutes cute bordées de ces maisons tout aussi cute, en grande fan d’architecture que je suis.

Bref.

Les lieux, d’autant plus s’ils ont un passé et une histoire forte, favorisent l’ancrage et j’aime fouiller le décor et l’environnement d’un livre pour mieux me plonger dans l’histoire.

J’ai aimé la façon dont Nancy s’ouvre peu à peu à ses filles en fissurant sa carapace. Elle en a assez des secrets. Et puis, elle a des décisions à prendre, lourdes de conséquences. C’est maintenant ou jamais pour parler.

Persuadée toute sa vie de n’avoir eu aucun intérêt pour ses enfants, elle a besoin de reprendre sa place de mère. Ayant vécu dans l’ombre d’un mari volage, elle parcourait le monde pour vendre ses tableaux pendant que son coeur se persuadait de ne pas mériter l’amour de Lauren et Jenna.

La colère, les regrets et l’injustice l’ont aidée à refaire surface.

D’ailleurs, c’est l’un des buts de la colère : se repositionner. Se réaligner.

Ses filles, en débarquant, lui ont permis de s’ouvrir.

Et j’ai aimé leur façon d’en découdre avec le silence mortifère sur le passé, plutôt en douceur, finalement.

Lauren aussi m’a beaucoup touchée. Elle revient contrainte et forcée à Captain’s House avec sa fille, ruinée. Elle a tout perdu : Ed, son mari, leur maison dans un quartier chic de Londres, leur argent. Tout.

Elles arrivent chacune chargée de leur seule valise. Tout est à recommencer. Ou reprendre là où tout s’était arrêté.

Finalement, même si elle s’était appuyé sur l’amitié solide avec Ed, leur relation était construire sur des sables mouvants.

On peur aller loin en amitié; on peut aller très loin par amour. L’amitié comprend nécessairement de l’amour, l’amour est aussi fait d’amitié.

Mais un couple peut-il prétendre le rester sur la seule base de l’amitié ?

Ce sera l’un des questionnements de Lauren après la mort de son mari…

C’est aussi l’une de nos questions existentielles, je crois.

Leur mariage était un arrangement, un arrangement entre amis. Des amis soudés. Mais des amis sans amour.

Son amour de toujours, c’est Scott. Elle le croyait parti sur les mers depuis des années, depuis leur séparation ce soir d’été sur la plage. Elle le retrouve, fidèle au poste à Edgartown, dès le soir de son retour.

Il n’a pas bougé.

Il l’attendait ? Peut-être.

Plutôt silencieux, un brin taciturne, il est pourtant loin du cliché du héro bad boy « mais qu’on adore quand même », malgré une enfance passée de familles d’accueil en familles d’accueil.

Le retrouver ce serait peut-être accorder une chance à leur amour fou, seize ans plus tôt.

Qui sait.

Mack a son rôle à jouer auprès de lui… Elle débarque dans sa vie comme un rayon de soleil, malgré les turbulences de son âge.

Vous devinez pourquoi ?

Je les ai tous aimés. Parce qu’ils sont fragiles, humains, un peu paumés dans leur vie et qu’on aime pouvoir s’identifier aux personnages. Ou du moins, compatir à leur chagrin.

J’ai aimé leurs liens solides dans les tourmentes.

Quand je lis Sarah Morgan, je sais d’avance que je serai séduite.

J’ai trouvé enrichissant de me questionner sur les réactions de Lauren après le décès de son mari : partir ou rester à Londres ? Quitter un endroit confortable quoiqu’étranger ? Ou retrouver des repères sur une île familière amis chargée de souvenirs douloureux ?

D’ailleurs, ça me fait penser à ce concept bien connu en développement personnel : le fameux AAQ.

Dans une situation pénible, nous avons trois possibilités : Améliorer, Accepter ou Quitter.

Améliorer avant de pouvoir accepter serait l’idéal; parfois, la seule issue est de quitter.

Je crois que l’on navigue d’une possibilité à l’autre tout au long de notre vie et qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais choix.

Cette histoire m’a fait du bien, j’ai voyagé avec des images sublimes de cette île en toile de fond, au fil des pages.

Maintenant, je rêve encore plus d’en connaître les contours en vrai et de goûter moi aussi un peu à sa douceur de vivre.

Ça vous dit d’embarquer ?

Quelques citations pour vous donner un avant-goût du voyage :

« Ne jamais avoir réussi à établir une meilleure relation avec sa mère était pour elle une source permanente de frustration et de tristesse ».

« Puis elle l’avait rencontré lui. Un seul regard entre eux avait suffi. Il n’en avait pas fallu plus. Jusqu’à cet instant précis, elle avait ignoré que tant de choses pouvaient se dire sans les mots et sans la voix. Le regard échangé n’avait pas été la simple expression d’une attirance. Il avait établi d’emblée entre eux un lien profond, presque absolu. »

« Personne en lui avait dit qu’on pouvait être adulte et responsable et se sentir malgré tout aussi terrifié et impuissant qu’un enfant. »

« Le côté positif, lorsqu’on avait atteint le fond, c’était qu’il ne restait plus qu’une seule direction à prendre : vers le haut. »

Belle découverte à vous si ce n’est déjà fait et surtout beau voyage.

Au plaisir de vous retrouver pour une autre histoire.

Chaleureusement.🌿

Magali

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