Se lire au féminin

Histoire d’@ – Laure Manel

Quand le passé retrouve le chemin de sa boîte mail…

J’apprécie les romans de Laure Manel, dont l’écriture tout en sensibilité m’avait bouleversée dans La Mélancolie du kangourou ou encore dans l’Embarras du choix.

En grande fan d’écriture que je suis, (et nostalgique aussi, c’est vrai, des lettres manuscrites), j’étais curieuse de découvrir l’histoire de Mathilde et Cyril à travers leurs échanges de mails.

Et j’ai été embarquée.

Le résumé

« Disons que j’avais envie de savoir où tu en étais dans l’existence, ce que tu étais devenue, à quoi ressemblait ta vie… si tu étais heureuse… savoir aussi, peut-être, ce que tu avais retenu de notre passé commun, si tu m’en voulais encore, ou si tu m’avais pardonné… »

Ils étaient meilleurs amis, et leur relation fusionnel le semblait pouvoir résister à tout. Mais en partant pour New-York sans se retourner, il l’a plongée dans l’incompréhension la plus totale. Douze ans plus tard, il réapparaît sur son écran et espère reprendre leur amitié là où il l’a laissée. Lui redonnera-telle une chance de renouer ? Quand le passé ressurgit, comment le présent pourrait-il ne pas en être ébranlé ?

Mon avis et ressenti

Plusieurs choses m’ont embarquée et elles sont reliées : la relation de Mathilde et Cyril qui se tisse à nouveau à travers l’écriture.

Et je crois tellement au pouvoir de l’écrit.

Bien sûr, il y a ce que l’on dit, ce que l’on fait, ce que l’on tait. mais écrire donne cette dimension profonde à l’intention; l’acte d’écrire est un acte fort. 

Il envoie le message que l’on a pris le temps de poser nos pensées, pour l’autre.

L’écriture est ancrée en nous depuis des millénaires et les mécanismes en sont inconscients.

Ici, Cyril décide courageusement de recontacter son amie d’enfance, après des années de silence.

Ils ont toujours été très proches, un peu trop, même, lors de cette nuit où tout a basculé pour eux. Dès le lendemain, impossible d’envisager leur relation comme avant ou comme « si de rien n’était ». 

Il décide de tout quitter du jour au lendemain pour New-York, en laissant un simple mot à Mathilde.

Une Mathilde qui se retrouve anéantie sous la violence de la nouvelle.

Durant douze ans, de New-York à Belle-île, dans le Morbihan, la connexion est totalement rompue. silence radio pendant que Cyril joue le « New-Yorkais » et que Mathilde se marie. Elle est d’ailleurs très heureuse en mariage…

C’est le retour de Cyril en France, à Paris, là où tout a chaviré pour eux, qui le décide à reprendre contact avec la jeune femme, en ignorant tou de sa réaction.

Mais au moins, il aura essayé. 

Parce qu’il a des choses sur le coeur et plein de choses à lui dire. 

Au début sur la défensive, Mathilde répond malgré tout en n’étant pas sûre que ce soit lui; et puis, elle le reconnaît. Elle pose des limites. Cyril la connaît bien, il ne s’offusque pas. Bienveillant, il respecte ses demandes.

Et leur histoire retrouve son cours, peu à peu, au fil des jours et des semaines.

Ils se retrouvent, eux. Ils se réapprivoisent, s’expliquent, se confient.

La distance n’a rien effacé. Et, tranquillement, la complicité et les confidences laissent place au manque.

C’est lui qui, bien souvent, indique la direction à prendre…

Cyril est entreprenant, à demi libre. Confiant.

Mathilde est bouleversée, déstabilisée, elle est mariée. Elle doute.

Que va-t-elle décider ? Tout quitter et donner une seconde chance à Cyril ? Ou renoncer en tenant la promesse de son mariage ?

Histoire d’@, c’est un roman épistolaire intime et, parfois, je me suis surprise à me sentir comme une intruse. Mathilde et Cyril se disent tout, aussi leur désir. peut-être parce que c’est plus facile à l’écrit, après tout.

Mais j’ai adoré leurs échanges et la complicité retrouvée. Ils sont faciles entre eux; parce que c’est cette facilité, justement, qui rend possible les retrouvailles, je crois.

Et puis, ces deux-là, ils nous ressemblent. je me suis sentie proche de chacun parce que je m’y suis reconnue : de Cyril, pour son audace et son courage et de Mathilde, pour sa retenue et sa pudeur, au début.

L’écriture a ce don de briser la glace, je trouve; de faire tomber les masques et de tisser des liens invisibles et forts entre deux coeurs.

À travers l’écriture, les émotions s’organisent quand elles seraient sans doute explosives en face à face.

La fin est prévisible, je n’ai dons pas été surprise par le dénouement, mais peu importe.

J’en conserve un joli souvenir et, surtout, la conviction qu’il est toujours temps d’oser.

***

Dites-moi quel est votre ressenti à vous aussi si vous l’avez lu ?

Est-ce que Cyril ne se cacherait pas un petit peu dans chacun et chacune d’entre nous ? 

 

À très bientôt pour la suite.🌼

Magali 

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