Se lire au féminin

La Femme au manteau violet – Clarisse Sabard

Forcément, je m’y attendais.

La femme au manteau violet de Clarisse Sabard (paru en 2020) m’a plus que plu :

  • il a touché mon coeur de maman
  • il a nourri ma passion pour les USA
  • il a piqué ma curiosité sur les années 30 à New-York et j’ai très envie d’en savoir plus sur les coulisses de la prohibition et les bas-fonds de la mafia
  • il m’a fait voyager, compatir et aimer tous les personnages, aussi différents soient-ils.

Par exemple, Charlotte pourrait être un symbole à elle seule.

En voici un avant-goût avant de vous partager mon avis.

Le résumé

Depuis qu’elle a appris son anévrisme, Jo vit avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Opérer ? Pas opérer ? Avant de faire ce choix risqué, la jeune femme se réfugie chez son grand-père Victor, ancien champion de boxe. Si l’avenir reste incertain, son passé n’en est pas moins mystérieux : un pendentif que possède le vieil homme la met sur la trace d’un visage, d’un prénom, d’un secret… Du Devonshire au New-York des années trente commence alors un périple intime parmi les airs de jazz, les flûtes de champagne et les gangsters de la prohibition. Et tout au bout, cette énigme : la femme au manteau violet… 

Mon avis et ressenti

Lire La femme au manteau violet, c’est plonger dans deux temporalités dont le fil rouge est le secret que renferme le médaillon.

C’est aussi l’histoire de plusieurs rencontres décisives : celle de la Champagne rustique, du New-York fantasque des années 30 et du Devonshire, en Angleterre; celle de plusieurs générations et celle de Charlotte et Ryan.

C’est l’histoire de la rencontre du passé avec le présent et tout ce qu’il mettra en lumière.

1929

Charlotte, jeune maman, a confié son bébé de trois mois à peine afin d’accompagner son mari Émile pour un séjour d’affaires à Manhattan.

Elle découvre cet univers qui fourmille et assiste à la construction de l’Empire State Building.

Son mariage est loin de l’épanouir mais elle fait bonne figure. Elle a surtout hâte de retrouver son fils Gabriel.

Pendant que son époux négocie les prix et la livraison de son champagne, Charlotte s’ennuie, tourne en rond et finit par le convaincre de la laisser l’accompagner au Cotton Club. 

Elle y découvrira les airs de jazz du moment, ceux qui couvrent les conversations sombres du club.

Elle ne le sait pas encore mais cette soirée sera déterminante pour la suite de sa vie… à New-York.

En effet, ce soir-là, dans ce dancing aux moeurs plutôt légères, elle fait la connaissance de Ryan, l’entrepreneur de l’import/export qui les as conviés dans la Grande Pomme, elle et son mari, pour parler affaires.

Charlotte se sent maladroite dans ce club à l’atmosphère enfumée, où les rires fusent de toutes parts.

Maladroite et timide, aussi, entourée de jeunes femmes aux cheveux coupés courts, aux robes près du corps serties de brillants et de perles, aux yeux charbonneux et à la bouche rouge carmin.

Autant de symboles d’insouciance et de liberté.

Un univers aux antipodes de son quotidien champenois.

Mais, ce soir sera incontestablement le premier du reste de sa vie.

Dans les jours qui suivent, les drames successifs la laisseront démunie, anéantie. Sans plus d’identité.

Elle ne pleut même plus rentrer en France. Et son pire drame est bien là : être privée de son bébé.

Condamnée à rester vivre à New-York, Charlotte, après avoir touché le fond, refait surface peu à peu; elle a désormais envie de s’assumer.

C’est en cela qu’elle a des idées avant-gardistes; elle se fond de plus en plus dans cet esprit libertaire et rempli d’indépendance, d’espoir et de promesses.

Sa détresse s’est transformée en énergie vitale et elle avance au gré de ses tourments. La pensée de son fils la hante.

2018

Jo est une jeune femme pétillante mais elle vient d’apprendre qu’elle souffrait d’un anévrisme, passé inaperçu jusque-là.

Déroutée, elle décide de se réfugier chez son Pépé Victor, à qui elle se confie. Elle a besoin de savoir quoi faire et sa présence la réconforte depuis toujours.

D’autant qu’elle refuse d’informer Adrien de cette pénible nouvelle. Adrien, son meilleur ami et bien plus. Mais elle ne veut pas devenir ce poids pour lui, en étant malade ou en risquant sa vie avec l’opération. Elle ne souhaite ni qu’il la plaigne ni qu’il se sente obligé de compatir.

Son grand-père en profite pour lui parler de ce médaillon qu’il a reçu quinze ans plus tôt, nimbé de mystère.

Il l’envoie en Angleterre, en mission. Et puis, ça lui changera les idées…

C’est surtout une plongée dans le passé pour aider sa petite-fille à affronter son présent.

Et c’est donc lors de ce séjour dans le Devonshire que Jo, accompagnée de sa meilleure amie Adeline, va faire toute la lumière sur ce médaillon et découvrir l’existence de Charlotte…

***

La Femme au manteau violet est un magnifique roman qui traverse les océans et les générations.

Là, sous la plume envoûtante de Clarisse Sabard, le fil se déroule d’un continent à l’autre et les ombres s’éclaircissent. Les secrets se défont un à un en même temps que Jo reprend confiance en elle et dans le lien qui l’unit à Adrien.

 

Je suis une grande fan des États-Unis et je raffole de tout ce que je peux en lire et découvrir. J’ai adoré plonger dans cet univers de femmes et m’immiscer avec elles dans le New-York de la prohibition et du crash boursier; en effet, Charlotte y pose les pieds au moment le plus critique des retombées économiques et côtoie la pauvreté tout comme les gangsters.

J’ai noté de quoi fouiller pour en apprendre un peu plus sur Al Capone (oui, tout le monde le connaît, mais quand même) et le massacre de la saint-Valentin à Chicago; sur les enjeux plus profonds de la prohibition, des bars clandestins et la toile d’araignée mafieuse; sur les premiers grands magasins, le jazz, la construction des symboles architecturaux de la ville; sur les quartiers de Harlem et de Brooklyn, gangrenés par la pauvreté, la drogue mais aussi portés par des âmes fortes et généreuses, battantes.

C’est de tout cet univers dont il est question dans le roman. Et j’en redemande.

Il y a, au creux de ses pages, de la solidarité, de l’amour, de l’amitié et de la persévérance, parce qu’il y a toujours de l’espoir dans les coeurs de chacun des personnages.

L’histoire est belle, émouvante, juste, documentée; parfois dure et cruelle mais toujours empreinte de sensibilité.

J’ai aimé suivre Jo et remonter dans le temps avec elle et les souvenirs.

Mais ce que j’ai aimé par-dessus tout, c’est la tendresse en filigrane sous la plume de l’autrice, comme un hommage à l’amour maternel qui reste éternel.

Clarisse Sabard a cette faculté à nous entraîner dans des histoires familiales avec une facilité déconcertante.

Je vous invite d’ailleurs chaleureusement à découvrir chacun de ses romans.

Quelques citations

« Pourquoi, quand tout va bien, le destin semble vouloir ajouter son grain de sel, comme si le bonheur avait un prix ? »

« Les époques ont beau être différentes, ce sont finalement toujours les mêmes sentiments qui nous animent. La haine, les doutes. L’amour, la peur. »

« S’occuper était le meilleur moyen de soigner un coeur brisé. »

Belle lecture et à très vite pour la suite.🌻

Magali

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