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La scène des souvenirs – Kate Morton

La scène des souvenirs, Kate Morton

Le résumé :

Suffolk, 2011.

La célèbre actrice Laurel Nicolson se rend au chevet de sa mère mourante. Alors qu’elles parcourent ensemble un album de famille, une photo s’en échappe – un instantané que Laurel n’a jamais vu. L’une des deux jeunes femmes est bien sa mère, Dorothy, mais l’autre ?

Sans s’en douter, Laurel vient d’ouvrir la boîte de Pandore, libérant les secrets, et les  souvenirs. Ceux de Dorothy, qui dorment sous les décombres des bombardements londoniens de 1941, mais aussi les siens – ce terrible et brûlant été de son enfance…

Mon avis et ressenti :

Et le suspens est maintenu jusqu’à la fin du roman, parsemé d’indices tout au long des chapitres qui nous permettent de cheminer, en étant tenu en haleine, vers une chute magistrale.

Kate Morton retrace les vies croisées de Dorothy, Vivien, Jimmy, Henry et Laurel. 

Les allers/retours successifs dans le temps nous replongent sans cesse dans le passé d’un Londres dévasté par la guerre; dans les années 1960 où ce jour de juin restera marqué d’un souvenir macabre pour ja jeune Laurel et 2011, l’année des révélations de lourds secrets de famille qui hantent toujours les mémoires de Laurel et sa mère, Dolly… la mère aimante, attentive et souriante.

Kate Morton excelle dans l’art de raconter ces secrets, l’un de ses sujets de prédilection.

Laurel est l’aînée d’une fratrie de quatre filles et un garçon. Et ce jour de juin 1961, l’année de ses 16 ans, elle assiste à un meurtre dans le jardin familial, cachée dans sa cabane perchée. Le repère d’où elle voit tout, sans être vue.

Ce jour-là, Laurel aurait sans doute préférée avoir rêvée…

Sa mère a poignardé un inconnu arrivé à l’improviste. Quelques échanges entre eux et Laurel avait senti toute la tension dans l’attitude de sa mère.

Se connaissaient-ils ? Qui était cet homme ?

Son petit frère, encore bébé, était présent lui aussi.

Laurel et le bébé, les deux seuls témoins du meurtre.

Ce secret pèsera lourd sur les consciences de chacun, en s’insinuant dans les méandres d’un inconscient qui viendra malgré tout souffler des bribes de mots et envoyer des images fantomatiques à la mémoire de ces enfants.

Car il s’agit bien d’un fantôme qui rode, infiltré dans la culpabilité et le mensonge avec lesquels chaque membre s’arrangera comme il peut.

C’est en visitant sa mère en fin de vie que Laurel découvre une photo intrigante, sur laquelle pose sa mère et une inconnue. 

C’est à partir de là, très précisément, que la valse des souvenirs ne cessera d’envahir l’esprit de Laurel, qui a besoin de comprendre. Tout. De mettre enfin de la lumière sur les zones d’ombre.

Son intuition lui souffle qu’un lien existe entre cette photo et le meurtre.

Déterminée à lever enfin le voile, Laurel se met en quête d’informations, retrouve des courriers, réouvre les coffres du grenier… rassemblant peu à peu les pièces d’un puzzle aussi violentes qu’adoucies par l’espoir et l’amour. Et découvre aussi le fil conducteur de ces pièces: Jimmy, l’amour de deux femmes pour lui…

Cet homme qui représente la pièce maîtresse de toute l’histoire.

J’ai de suite été conquise par ce beau roman aux allures d’enquête sans police, afin de dénouer un par un les fils invisibles de secrets cruels, qui ne cherchaient qu’à émerger du passé pour libérer les mémoires.

Les descriptions très longues et détaillées ont toute leur place dans cette quête/enquête et les révélations finales dénouent magistralement le passé.

La fin du roman est loin d’être prévisible, vous verrez.

J’ai découvert Kate Morton avec ce roman; je me réjouis à l’idée de lire ses autres romans dont l’univers de l’époque victorienne est souvent présent, ainsi qu’une large place faite aux secrets de famille, à l’héritage psychologique d’une famille, à la mémoire des demeures anciennes.

Je vous souhaite autant de plaisir à la lire que j’en ai éprouvé.

Quelques citations :

« Il y a des moments, se disait-elle non sans solennité, où l’on arrive à la croisée des chemins, où quelque chose se produit soudain qui peut changer le cours d’une vie. »

« L’intuition, pourtant bien vague, qu’elle allait franchir un seuil décisif, dangereux peut-être, rendit Laurel sentimentale. Chère maman. Était-ce sa faute si la guerre avait gâché sa jeunesse ? »

« En mère protectrice, Dorothy profitait de la moindre occasion pour rappeler l’importance primordiale de la famille. Cela avait été le leitmotiv de leur enfance. »

« C’était parfait. Elle allait épouser Jimmy. Et dire que l’idée ne lui était même pas venue à l’esprit lorsque sa mère lui avait demandé ce qu’elle souhaitait faire de s avis ! C’était l’unique chose dont elle avait envie. La seule chose qu’il lui fallait accomplir. »

« Les enfants sont peut-être tous prisonniers, en partie, du passé de leurs parents. C’était cependant de l’histoire lacunaire de sa mère que Laurel se sentait prisonnière. »

« Jimmy aimerait toujours Dolly, il était d’une inébranlable loyauté. Toutefois, ce jour-là, la regardant à travers la fumée de sa cigarette, il la trouva bien peu attirante. »

« Vivien avait très bien à quel moment elle s’était rendu compte qu’elle était amoureuse de Jimmy. Elle était aussi consciente du fait que ses sentiments étaient à sens unique et qu’elle n’en ferait jamais part à Jimmy. Et si, par le plus grand des bonheurs, il les avait partagés, leur relation aurait été vouée à l’échec. Vivien n’avait rien à lui offrir. Son destin était scellé. »

« Le docteur Rufus faisait des recherches sur le narcissisme et le rôle de l’imagination dans les mécanismes de défense de l’individu. Maman l’intéressait à cet égard. Rien de bien excessif: elle était très égocentrique, avait besoin d’être admirée, se voyait comme une créature exceptionnelle et rêvait de succès et de célébrité. »

« Vivien n’était ni malade ni stérile; elle était mariée à un homme violent. Un séducteur brutal qui la battait dans l’intimité de leur maison de Campden Grove pour faire ensuite bonne figure dans le monde. Un individu capable d’infliger à son épouse des coups qui la clouaient au lit des jours durant, tandis qu’il veillait à son chevet. 

À très vite.

Magali

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