C’est en découvrant l’ouvrage Ces livres qui nous font du bien- Initiation à la bibliothérapie de Christilla Pellé-Douël que tout un univers s’est ouvert pour moi.
Car, oui, les livres nous font du bien, que l’on s’y attende ou non.
Ils peuvent représenter le support de notre créativité, de tout un tas de découvertes et de connaissance de soi.
Partir à la découverte de la bibliothérapie, c’est tout d’abord plonger dans ses origines, très lointaines et s’apercevoir que l’humanité s’est peu à peu développée en l’utilisant comme moyen d’apaiser l’âme, d’en prendre soin.
Je vous invite donc à la découverte de la bibliothérapie, en plusieurs escales.
La Bibliothérapie : un néologisme aux origines antiques
D’où vient ce terme et que signifie-t-il ?
D’origine grecque, « biblios » signifie « livre » et « therapeuein » signifie « soigner », donc littéralement le terme bibliothérapie se définit comme suit: « soigner par les livres ».
Ce néologisme n’apparaît cependant qu’au XXe siècle et comporte plusieurs sens.
En effet, la bibliothérapie peut prendre des allures de soins curatifs selon les cas, c’est d’ailleurs ainsi qu’elle est considérée dès l’Antiquité.
L’école stoïcienne
La thèse soutenue par le docteur Pierre-André Bonnet, la seule existante à ce jour en France sur le sujet, nous éclaire sur les fondements littéraires et philosophiques des effets thérapeutiques des livres.
Selon les philosophes grecs et romains (Epictète, Sénèque, Marc-Aurèle), la Raison et donc la philosophie était le seul moyen d’assurer une bonne santé mentale.
Ce pour deux raisons : tout d’abord grâce au discours, en organisant la pensée de manière logique; et par l’action, permise par le développement du sens pratique et moral.
(Epictète : « Vivre les principes, non les réciter »).
En effet, grâce à la Raison (logos), l’homme exerce sa faculté à choisir ses actes; la philosophie était vue comme une pratique de santé morale vitale, de santé globale même. Dans ces temps, les émotions se distinguaient de la raison. Source de passions, elles représentaient alors une âme en perdition, rendant l’être immoral.
Et, toujours à cette époque, la voie royale de la liberté se trouvait sur le chemin de la pensée rationnelle, pragmatique, analytique, affranchie de la soumission de l’esprit humain aux émotions.
D’ailleurs, pour l’école stoïcienne, c’est la raison qui se trouve au coeur du processus thérapeutique. Le bonheur désigne l’indépendance vis-à-vis des circonstances extérieures et le détachement à l’égard des choses.
Seuls la raison et l’exercice du jugement permettent d’y accéder.
Le stoïcisme est la philosophie de la liberté intérieure et de la sérénité de l’âme.
Les vertus de la littérature
En parallèle de ses fondements philosophiques, la bibliothérapie s’appuie également sur les vertus de la littérature.
Et là, les sources abondent sur les effets de la lecture concernant les troubles psychiques.
C’est à travers quatre processus principaux que la littérature délivre tout son potentiel libérateur, chacun des processus représentant une façon spécifique d’interagir avec le récit.
Parmi ces processus :
- la catharsis : il s’agit de la purification de l’âme, aussi chère à Aristote, ainsi délivrée de ses passions et aidée en cela par la lecture ou le fait d’assister à une pièce de théâtre dramatique;
- l’impulsion : ayant toutes les faveurs de Marcel Proust, c’est l’impulsion d’un autre esprit (le livre) qui rend possible l’introspection et qui permet de retrouver la faculté de vouloir;
- la temporalité : elle change pour une personne à tendance dépressive par exemple. Marc-Alain Ouaknine s’appuie sur les travaux de Paul Ricoeur et démontre que le récit possède une action thérapeutique, quand l’esprit « figé » dans sa problématique ne peut se projeter dans l’avenir; la lecture le ramène alors au « temps vécu », ce temps présent composé de ce qui le remplit;
- l’herméneutique : à l’origine interprétation et explication des textes sacrés, la lecture comporte un inévitable processus d’interprétation à la fois conscient et inconscient, aux vertus thérapeutiques, dans la mesure où l’interprétation invite à changer son regard sur le monde, à lui donner un sens nouveau.
Cet éclairage permet de mesurer toute la portée des livres dans nos vies et de mieux comprendre en quoi ces diverses origines ont peu à peu ouvert la voie à leur utilisation concrète, notamment lors de la première guerre mondiale, dans un moment de chaos historique.
Et de mieux comprendre aussi de quelle façon le livre/récit peut être utilisé de manière large, créative, dans tous les domaines et à tous les âges de la vie.
À très vite.
Magali