Se lire au féminin

Bien-être . Nature . Lecture

Tu fais quoi pour Noël ? Je t’évite ! – Juliette Bonte

Tu fais quoi pour Noël ? Je t'évite ! Juliette Bonté

Bienvenue en Laponie, pour un Noël mémorable et, surtout, pour briser la glace… ou comment ne plus réussir à se détester, parce que de la haine à l’amour, il n’y a qu’un pas, c’est bien connu…

Le résumé :

« Charlie déteste Blade et Blade le lui rend bien. Elle a essayé de s’entendre avec ce grand brun – vraiment ! – Mais entre eux, ça ne passe pas. Le problème, c’est que Blade est un ami de James, le nouveau petit copain de la meilleure amie de Charlie. Alors, autant dire que l’éviter est sans espoir car, si les filles ont la réputation de n’aller aux toilettes qu’à deux, les hommes, eux, sont visiblement incapables de boire une bière sans leurs homologues testostéronés. Mais, quand les soirées évoluent dangereusement vers un projet de vacances en groupe pour les fêtes de fin d’année, Charlie comprends qu’elle est fichue. Car, s’il y a une chose qu’elle déteste encore plus que Blade, c’est bien Noël. Et, si Blade l’apprend, il va tout faire pour que ce séjour en Laponie devienne son pire cauchemar. »

Mon avis et ressenti :

Et c’est le cas durant les premiers chapitres.

Blade et Charlie se mènent la vie dure dès qu’ils se retrouvent à proximité, c’est épidermique.

Et le fait de se sentir « obligés » de se côtoyer alimente leur ressentiment respectif.

En effet, Charlie est la meilleure amie de Savannah, rencontrée dans un foyer d’accueil alors qu’elles étaient petite fille. Elles ont grandi ensemble, s’accrochant l’une à l’autre aussi fort que leur coeur avait besoin de chaleur et d’amitié, d’amour.

Elles ont tout fait l’une à côté de l’autre et leur promesse tacite d’un lien indéfectible a rendu leur amitié prioritaire.

Allant jusqu’à faire plier Charlie pour se joindre au groupe du Misc pour leurs retrouvailles hebdomadaires, boutique de dépôt/vente d’objets recyclés, retrouvant une nouvelle vie entre les mains habiles et passionnées de Blade, notamment.

James, le petit ami de Savannah, en est le responsable; Sally, la gestionnaire et Grayson, un second employé.

Tous s’apprécient beaucoup et forment une joyeuse communauté très solide et solidaire.

La description détaillée des hostilités entre Blade est Charlie pour donner le ton peut sembler un peu longue, donc dès le début, d’autant que l’on ignore la raison de leur mésentente (et qu’elle ne sera dévoilée qu’à la fin, à travers les mots de Blade); tout en comprenant malgré tout le souhait de l’auteure d’appuyer d’emblée sur la mésentente entre les deux.

Et elle est violente. 

Il est de coutume d’affirmer qu’une relation se construit sur des bases solides d’amitié, de découverte de l’autre, de complicité, de confidences, de confiance… l’inverse pour Blade et Charlie dès le début. 

Parce qu’ils croient, sont persuadés même, être aux antipodes l’un de l’autre.

Ce voyage en Laponie pour Noël, une période ouvertement détestée par Charlie et pour lequel elle se « sacrifie », toujours par amitié (elle a pas mal tergiversé au point d’y renoncer dans un premier temps), va prendre une tournure inimaginable pour elle; et c’est en situation extrême de danger, voire de survie, qu’elle va enfin pouvoir rencontrer et découvrir les facettes les plus touchantes de Blade.

Sans jeu de mots basiques, ce voyage leur permettra réellement de briser la glace entre eux…

Vous verrez de quelle manière…

Et surtout de permettre à chacun de faire ce voyage intérieur, à la rencontre de leur propre histoire et de venir y réconforter l’enfant qui y a tant souffert.

J’ai vraiment ressenti à quel point cet endroit en eux avait été meurtri au point de se murer derrière des apparences rebelles, agressives, violentes mêmes à certains moments et comment chacun s’empêchait de se laisser porter par la vie et ses propositions.

L’évolution de chacun était sans doute prévisible, la chute aussi.

En même temps, je me suis peu à peu plongée dans l’histoire au moment où les carapaces de chacun commencent à se fissurer et où l’on prend enfin connaissance des raisons de leur colère respective et surtout de leur peur: celle d’aimer et de s’engager.

Parce qu’il est sans doute moins risqué de renoncer à une relation que d’en accepter toutes les incertitudes…

Quoique…

Ainsi, le risque de perdre et de manquer est à nouveau paraît insurmontable pour Charlie.

Quand elle repense à ce fameux 24 décembre de son enfance, le plus douloureux de son existence…

Aimer et faire confiance est un risque trop grand pour qui s’est fait insulter, rejeter voire abandonner durant son enfance.

Parce que, oui, aimer est juste ce pivot essentiel autour duquel s’accrochent tous les doutes et les croyances dans cette capacité. 

Et plutôt que de se laisser envelopper par cette chaleur, Charlie s’accroche à ses peurs les plus profondes, inconsciemment pendant tout un temps; jusqu’au moment où elle réalise que Blade n’est autre que son miroir.

Du moins, il appuie tellement fort sur ses plaies les plus profondes qu’elle ne peut qu’en prendre conscience et refaire le chemin vers son passé pour en trouver le sens et mieux le comprendre pour l’accepter.

Blade, loin du stéréotype de l’homme américain parfait, à qui tout réussi et qui deviendrait donc millionnaire…

Honnête, courageux, il a osé défier sa famille en choisissant un chemin aux antipodes de la carrière toute tracée qu’aurait souhaité s’opère pour lui. 

Sa persévérance et son habileté manuelle lui ont permis de trouver sa place au Misc et de s’épanouir en vivant simplement de sa passion: la créativité et le zéro déchet, deux piliers de l’état d’esprit du magasin de troc.

Au-delà des scènes qui pourraient sembler un peu « cliché », je me suis attachée à chacun, Blade, Charlie et leurs fidèles amis, leur réelle famille aujourd’hui.

Parce que c’est aussi et surtout en puisant dans cette ressource solide et sécurisante que nos deux écorchés ont peu à peu retrouvé le courage de transcender leurs blessures les plus profondes. 

J’ai aimé leur cheminement personnel, porté par tout ce que représente symboliquement le groupe et l’entraide.

Je l’ai d’autant plus apprécié que les personnages sont savamment construits, intelligemment décrits dans leur propre éclosion, pas à pas; une belle éclosion soutenue simplement par le partage de bouts d’histoires, de vécus difficiles et douloureux et, ainsi, de prise de conscience en libérant la parole.

J’ai aimé assister aux prises de conscience successives de chacun, comme si je représentais à ma façon une oreille attentive et silencieuse.

Les chapitres se succèdent par intermittence entre Blade et Charlie, chacun donnant tour à tour sa vision des choses, partageant son ressenti ce qui rend la proximité plus aisée avec eux; ce choix judicieux permet de les suivre au coeur de leur intimité et les rend d’autant plus vivants et attachants.

Chaque personnage cache un passé parsemé d’épreuves et la force avec laquelle il s’est construit propose un joli tableau de vies recousues, réparées au fil des liens amicaux.

Et amoureux. 

Un retournement de situation inévitable donc… 

Quelques citations :

Charlie :

« Le problème majeur, c’est que plus la distance s’amenuise entre nous, plus l’air se charge de molécules électriques. On ressent notre incompatibilité sans même se regarder. C’est de la physique atomique. »

« Je reste hermétique à toute la folie qui entoure cette période de l’année: si j’aime l’hiver, je ne trouve aucun intérêt à Noël. »

« Je peux affirmer qu’en l’espace de six mois, nous avons construit une relation solide. Inébranlable, même. Basée sur une détestation franche et réciproque. »

« Plus je suis énervée, mieux il se sent.Ce type est un psychopathe doublé d’un sadique. »

« La coquille qui me protège n’est là que pour l’apparat. Elle fait croire aux autres que j’affronte la vie avec courage, mais ce n’est qu’un leurre. La vérité est que je suis constamment morte de trouille. Sans elle, je perds toute témérité. »

Blade :

« Charlie a un effet sidérant sur moi. C’est un peu comme une drogue qui fonctionne à l’envers. Un répulsif. Dès qu’elle apparaît, l’envie irrépressible de cogner quelque chose me submerge, comme s’il fallait extérioriser une rage contenue depuis trop longtemps. »

« Sa manière de marcher, celle de me regarder, sa façon d’être… chez elle, tout m’insupporte. »

« On est le dommage collatéral d’une histoire d’amour entre deux de nos proches. Une erreur de l’univers, ou les conséquences de l’humour approximatif du karma. »

« Je l’ai détestée. Moquée. J’ai voulu sa mort un nombre incalculable de fois. Et je réalise que c’était contre-productif, parce qu’à la seconde où on essaie de lui faire du mal, je ne peux pas m’empêcher de vouloir prendre sa défense. »

À très vite.

Magali

 

Partagez cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *